ATTENTION SPOILERS PARTOUT

jeudi 18 mars 2010

The Martian Way - Isaac Asimov

The Martian Way. La politique de la Terre se durcit à l'égard de la colonie martienne. La question de l'eau est au cœur du débat. Mars a un besoin d'eau très grand et la Terre, sous la direction du nouveau coordonnateur Hilder, décide de cesser l'approvisionnement en raison des coûts énormes et de l'absence de bénéfices. Les Martiens décident donc de frapper un grand coup plein d’audace. Ils iront chercher un des gigantesques morceaux de glace pure qui forment l'anneau de Saturne. Un groupe de scavengers part à l’aventure, qui est périlleuse (mais en même temps riche du sense of wonder de la sf de l'âge d'or), ramène un bloc de glace qui fait un mille cube, et les Martiens gagnent leur pari et font la nique aux Terriens... Ce n'est pas grand-chose, ce texte-là. Beaucoup de bla bla (typique de la méthode asimovienne), peu d'action, une technologie futuriste qui amuse mais le sense of wonder est là, tapi entre les lignes; quand il se montre, il faut avouer que c'est extraordinaire car ça fonctionne. À la description de cet astronaute en scaphandre qui regarde le ciel noir autour de lui et le prodigieux jeu de lumière des astres et du soleil, je dois dire que le coeur m'a bondi dans la gorge. Un texte extrêmement mineur, mais libéral, progressiste, optimiste, bâti sans fioritures, clair et empreint d'une émotion véritable pour l'aventure des étoiles.

Youth. Texte un peu nébuleux, désincarné (les personnages sont l'Industrialiste, l'Astronome) et pseudo-mystérieux. Le sujet semble être des extra-terrestres en mission de reconnaissance sur Terre (innommé au début car la chute de l'histoire en dépend) et qui deviennent le sujet d'études de deux garçonnets... Bon enfin, j'ai vraiment pas tout lu, à peine la moitié plus quelques lignes éparses, car je m'y ennuyais au-delà du possible.

The Deep. Dans les limbes d'une planète orbitant autour d'un soleil mort, elle-même en voie de perdre le peu de chaleur qui lui reste, une civilisation tente sa dernière chance. L'esprit d'un cobaye-explorateur (Rio) est envoyé dans le cosmos pour faire contact avec l'esprit d'un citoyen d'une planète habitable. À partir de ce point d'ancrage télépathique, tous les habitants de la civilisation seront tour à tour projetés (enveloppe de chair et tout, ne me demandez pas d'expliquer) vers leur nouvelle destination. Évidemment, l'esprit de l'explorateur fait contact avec un bébé humain. Pendant quelques secondes, c'est le choc traumatique vécu par Rio et par la mère du bébé qui se met à hurler sans bon sens. Finalement, Rio décide d'ancrer sa balise télépathique loin à l'intérieur des couches telluriques, loin loin de tous contacts possibles avec cette race bizarre... Une gentille nouvelle, rondement menée, sur le mode de la tolérance amusée. La fin est particulièrement satisfaisante car les humains ne sont pas envahis, et la race extra-terrestre est sauvée en trouvant refuge dans la croûte terrestre, ce qui lui convient fort bien.

Sucker Bait. L'astronef Triple G. approche de Junior, une planète qui fut naguère colonisée mais dont tous les habitants ont trouvé la mort subitement en raison d'une maladie bizarre attaquant les poumons. Tout le monde à bord est assez tendu, à commencer par le capitaine qui n'aime rien moins que l'idée d'aller se balader dans un lieu aussi morbide et qui ventile sa frustration contre un jeune homme nommée Mark Annuncio, membre des nouveaux Services mnémoniques dont la tâche de tout lire, de tout voir, de tout observer; son talent étant d'assimiler sans jamais rien oublier, et de pouvoir faire, contrairement à un ordinateur, des raccords entre des connaissances parfois fragmentaires ou sans liens apparents. Son rôle est essentiel pour une mission comme celle-là, mais son empressement et son arrogance à exiger de tout voir, le met un peu à l'écart de tous. On ne l'aime pas beaucoup : les scientifiques lui reprochent l'absence d'une formation solide, les navigants redoutent de le voir fouiner dans les livres de bord du vaisseau, etc. Son extrême jeunesse est aussi un écueil. On arrive donc sur Junior et Mark exige d'être de la première fournée de scientifiques à fouler le sol de la planète qui a toutes les apparences d'un avatar du paradis terrestre. Il cause plus d'embêtements qu'il n'aide les scientifiques à remplir leur mission. A force d'étudier les données, il en vient à une conclusion : il faut quitter immédiatement Junior, sous risque de périr comme les premiers colons. On ne l'écoute pas. Il fomente alors une mutinerie de l'équipage de l'astronef, tout le monde embarque et on quitte dare-dare l'orbite de la planète maléfique. Le capitaine fait sommairement passer Mark en cour martiale. Mais, voilà, le gars avait raison; cependant il fallait faire la connexion (pas évidente) entre une vieille maladie terrestre et un excédent de béryllium dans l'atmosphère. Mark Annuncio échappe à la colère vengeresse du capitaine du Triple G. La preuve de son indispensabilité est faite de manière claironnante... Une très, très bonne nouvelle, rapidement menée, avec une idée brillante (celle des Services mnémoniques, une des préoccupations asimoviennes, ça, l'histoire et la convergence des informations) et une résolution à la toute dernière page après un long suspense haletant. C'est de la vieille sf, mais pas périmée pour autant. Un vieux texte classique, le meilleur de tout le recueil.

The Martian Way
Isaac Asimov 
1971, Panther
édition originale 1955
192 pages
lu: avril 95

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