La vie sexuelle des abeilles : un couple cherche à faire l’amour sans y arriver. Et la bosse des bossus, maman ? : la curiosité insatisfaite d’une enfant devient cruauté pour sa mère bossue. La chambre creuse : un type terne mène une vie terne. L’ambulance : un homosexuel est tellement heureux avec son chum qu’il fait des crises d’hystérie à répétitions qui le mènent toujours à l’hôpital pour y mourir d’amour. Dame Lessard : un homme qui déteste une femme lui prédit qu’elle va mourir d’un terrible cancer ; elle meurt dans l’année, mais en parfaite santé. Une chanson de Françoise Hardy : un souvenir d’amour, introuvable, impalpable, une petite ritournelle qu’on jugeait dérisoire dans le temps et qui revient fixer ce souvenir après des années. Cette salope de Jeannine : un homme tombe amoureux d’une femme qui l’avilira au point de le rendre impuissant quand elle le quitte. Le nombril de la Terre : les gens d’une petite ville meurent mystérieusement d’une explosion de merde quand le ventre leur éclate, puis la ville s’efface de la Terre en ne laissant qu’un petit anus de terre qu’on appellera pudiquement le Nombril. Le petit Gaspar : Gaspar est tellement supervisé par sa mère, tellement contrôlé, qu’un jour il s’arrache le cul à force de se torcher. Il doit être chez Gervaise : un homme cherche son amant à travers la ville, puis le monde, alors que ce dernier l’attend sur le perron de la maison. Les petits cris : une fille naît à un couple, c’est une fille qui pousse incontrôlablement trois cris suraigus à toutes les quinze minutes. Elle grandit sans trouver à se marier car sa mère, après l’avoir bâillonnée, lui a inculqué la manie obsessive de la propreté (elle va jusqu’à torcher les chevaux). Klondike : on a toujours pensé que le vieil homme cherchait de l’or, alors qu’il cherchait le meilleur endroit où enterrer sa maîtresse tant aimée. Le meurtre de Clarisse V. : Clarisse est assassinée de la pire des manières dans le beau Monde. Elle faisait chanter tous ses amis et sa parenté, et ce chantage était réciproque à grande échelle. Mais l’inspecteur en arrive à la conclusion que le meurtre n’a pas pu avoir lieu car il a été commis durant la semaine des quatre jeudis. Une nouvelle absurde pour le moins.
Le talent de Jocelyn Gagnon est vaste mais il s’emberlificote parfois dans des histoires faibles, que le style parvient difficilement à sauver. Reste que ça nous fait une belle jambe, Gagnon, c’est avant tout un style extrêmement léché, aux phrases pleines de fioritures, ornés en diable, élégantes et originales. Des fois, cependant, ça a l’air juste de ça : d’élégance et de m’as-tu-vu stylistique.
Gagnon fait des histoires cyniques, noires, désespérées, d’amour déçu, d’amants insatisfaits ou abandonnés, d’objet que l’on cherche toute la vie et que l’on ne peut retrouver alors qu’ils sont tout à côté : c’est donc une forme de romantisme et d’idéalisme, mais cassés, en morceaux, irréparables. Ne reste que les belles phrases étourdissantes.
Les petits cris
J. Gagnon
Québec/Amérique, 1985
169 pages
lundi 27 février 2012
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