Lors de l'inauguration de la tour Nakamoto à Los Angeles, une jeune call girl meurt étranglée dans des conditions un peu obscures. L'agent de liaison de la LAPD, Peter Smith, est chargé de mener l'enquête auprès des ressortissants japonais présents.
C'est une affaire un peu compliqué, prétexte à une aventure singulière dont le cadre est l'Amérique corporative prise d'assaut par les conglomérats industriels japonais. Aidé par un vieux routier des affaires nippo-américaines, Peter Smith va pénétrer les arcanes de deux mondes étranges et familiers : celui de la haute finance, celui du Japon.
L'histoire est celle-ci : la société Nakamoto veut acheter une industrie américaine MicroCon qui fabrique des machines-outils vitales l'industrie des microprocesseurs. Si MicroCon passe en mains étrangères, les USA perdent un secteur crucial de la fabrication et du développement de l'industrie informatique. D'indépendants, les USA deviennent de moins en moins autonomes. Aussi le sénateur Morton (candidat potentiel à la présidence) s'oppose-t-il avec véhémence à cette vente. Il base toute sa campagne préparatoire à la présidence sur cet élément : pour demeurer forte, l'Amérique ne doit pas se vendre et doit conserver le plus possible les centres décisionnels au pays.
Invité à l'inauguration de la tour Nakamoto, le sénateur Morton est filmé au moment où il a une relation sexuelle avec la jeune call girl. À la suite d'un jeu strangulatoire destiné à augmenter le plaisir orgasmique, Cherryl Lynn Austin semble mourir dans les bras du sénateur, qui fuit les lieux. Cherryl reprend conscience après quelques minutes; mais son sursis n'est que temporaire, car un des sbires du conglomérat Nakamoto vient l'achever pour de bon. Requiem pour la belle poupoune.
Les ébats et le meurtre ont été filmés par six caméras. Un fin jeu de chantage commence à s'exercer sur le sénateur afin de le faire changer d'avis sur la vente de MicroCon à des intérêts japonais. Pour le lecteur, cette simple histoire de chantage devient l'axe principal du roman; jusqu'à ce qu'on se rende compte que le sénateur américain importe peu, que le jeu de la politique américain importe peu à ces industriels; ce qui s'est engagé, à la suite du meurtre de la fille de joie, c'est une guerre entre deux conglomérats japonais, une guerre de salissage, de ouï-dire, de réputation gâchée. Toute la mentalité japonaise est exposée dans ce duel entre des forces obscures et selon des règles peu compréhensibles pour des occidentaux (voire inacceptables — la morale et le sens de la vérité des Japonais diffèrent des nôtres; les Japonais forment un peuple secret, très porté sur la théâtralité des rituels quotidiens et des apparences).
Le roman s'achève sur la persistance des policiers américains à trouver le coupable qui se fait, comme il se doit, seppuku en se jetant en bas de la tour Nakamoto. Un arriviste de moins — car c'en était un.
Malaise. Malaise. Lisant le livre, si on substituait Juifs à Japonais, Allemands à Américains et si l'action du roman était située dans les années 30, on obtiendrait un roman de propagande et de haine raciale. Pourquoi se le cacher. C'en est un. Les Japonais sont systématiquement montrés sous un jour défavorable, sans que l'auteur daigne nous présenté un point de vue contradictoire (sauf à une ou deux occasions, grâce à Connors qui est un Américain qui connait bien le Japon pour y avoir vécu).
Reste que c'est un roman haletant et plein de rebondissements (même si d'un strict point de vue suspense, on voit venir... )
Rising Sun
Michael Crichton
Ballantine, 1993
399 pages
lecture : juin 93
lundi 21 mars 2011
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Alors le film était p'tête meilleur... Il m'a semblé que le portrait des japonais était plus nuancé.
RépondreSupprimerLe livre m'a tellement déçu de ce point de vue là que j'aime mieux éviter le film.
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