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dimanche 28 août 2011

To Play The King - Michael Dobbs

Grâce à d’habiles manœuvres politiciennes, Francis Ewan Urquhart vient de remplacer le premier ministre de l’Angleterre. Pour arriver à cette fin, il a livré une attaque personnelle destructive contre le vieil homme, attaque qui a divisé le Parti. Maintenant au pouvoir, sa tâche est de le restabiliser, panser les blessures laissées par la guérilla interne et élargir son propre mandat politique. Pour y arriver, Francis Urquhart décide de déclencher des élections générales avant la fin du terme. Il a quatorze semaines pour préparer ses flûtes.

Un homme se dresse devant lui, le nouveau roi d’Angleterre, un homme de principes, qui ne veut plus jouer le rôle traditionnellement dévolu à la Couronne, qui ne veut plus être le simple porte-parole du gouvernement et qui veut devenir le héraut d’une pensée sociale, le rassembleur d’un nouvel humanisme s’opposant au cynisme et à la décrépitude des mœurs de la classe politique nationale.

Urquhart va tout faire pour se débarrasser de ce gêneur. Sa quête à lui est beaucoup plus simple : il veut le pouvoir pour le pouvoir. Il écarte de son chemin tout ce qui le retarde pour arriver à cette fin. Lui et son organisateur, Tim Stamper, évaluent les situations et jaugent les conflits dans une optique bien précise : la consolidation de leur pouvoir. Le nouveau roi, The King with a Conscience comme il se fait appeler, est un empêcheur de tourner en rond. Le Roi ne cesse d’attirer l’attention sur ses projets, sur sa pensée sociale et politique, tout ça au détriment d’Urquhart qui, avant l’annonce des élections précipitées, veut attirer sur lui le maximum d’exposure pour augmenter son crédit auprès de l’électorat et par le fait même améliorer ses chances électorales.

En raison de l’obstination royale à ne pas se taire, le combat s’engagera entre Urquhart et le roi. Tous les coups sont permis, spécialement de la part du politicien : chantage à l’homosexualité quand le meilleur ami et conseiller du roi se révèle être gay, exploitation de la vie scandaleuse d’une certaine princesse, sondage truqué, etc. C’est une lutte archétypale entre le bien et le mal. Les personnages principaux sont des clichés ambulants (mais manipulés par une main de maître, celle de Dobbs). À la fin, la belle architecture mise en place par Urquhart s’écroule comme un château de cartes (fine allusion de l’auteur à son précédent roman House of Cards mettant aussi en vedette l’ignoble Francis Urquhart). Le roi, aidé par un magnat de la presse — Benjamin Landless, dont Urquhart s’était abondamment servi pour son accession à la charge de premier ministre et qu’il avait ensuite abandonné en reniant ses promesses — et par une jeune reporter américaine qui s’est donné à Urquhart pour mieux pénétrer ses secrets et les rapportés à Landless.

Le roi annonce qu’il renonce au trône pour entrer dans l’arène politique et se battre contre Urquhart et les autres politiciens de cet acabit. Le roman se termine sur un Francis Urquhart humilié, ses plans retournés par plus fin que lui, et qui sent bien que les prochaines élections marqueront sa fin.

Un excellent roman d’aventures modernes: plein de fourberies, d’ironie et marqué d’un cynisme absolument total. Les combats à l’épée ont été remplacés par des joutes plus intellectuelles. Ce livre est résolument cynique, et à un point tel qu’on finit par ne plus y croire ou plutôt par refuser d’y croire. (Quand Urquhart fait en sorte que le pays s’enfonce dans une récession exprès pour nuire à son adversaire politique, le lecteur que je suis décroche... là, ça semble exagéré comme calcul méandreux.) Malgré son côté soap politique, ses personnages taillés dans le meilleur carton-pâte disponible (je veux dire ceci : le mouvement et les relations des personnages sont absolument crédibles; ils perdent leur crédibilité quand Dobbs leur invente un passé — à ce moment, il se révèle un romancier peu imaginatif et enclin aux clichés), To Play the King est un roman divertissant comme il s’en fait très peu

To Play the King
Michael Dobbs
1993, Fontana
édition originale 1992
315 pages
Lecture : décembre 93

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