À son corps défendant, Philomène part en vacances à Gaspé avec son père. Faire du camping ne l'enchante pas le moins du monde ; c'est une journaliste, elle, une petite fille qui a les deux pieds bien ancrés dans la réalité, pas dans la brumasse nostalgique du retour au passé de papa. À peine arrivés, ils vont souper au restaurant. Le père commande du homard. Philomène est révulsée par la brutalité de la mise à mort de cette créature, elle compatit totalement avec la douleur des homards plongés dans l'eau bouillante, à un point tel que ce soir-là elle préfère se priver de nourriture. La nuit, elle fait un cauchemar complètement totalement absolument terrifiant et dérangeant.
Elle est sur un tout petit rafiot au milieu d'une mer infinie. Devant elle surgit un gigantesque homard bleu, haut comme une maison de cinq étages, qui la supplie de venir le délivrer de sa prison sous le rocher Percé, où il sera mis à mort lors d'une cérémonie orgiaque et initiatique. Philomène est incrédule. Le homard insiste. Elle cède, quitte la tente et son père et se précipite dans une caverne sous le rocher. Elle croit toujours rêver, mais autant aller au bout son rêve. Dans la caverne des hommes prennent des déguisements de homards et mettent à bouillir l'eau d'une gigantesque marmite. Ce sont les homards-garous du titre. Ils vont faire cuire le grand homard bleu. Philomène parvient à détourner leur attention et permet au homard de se libérer. En catastrophe, ils quittent la caverne, les homards-garous à leurs trousses. Philomène se retrouve dans un tout petit rafiot qui tangue sur les eaux du golfe tandis que les homards-garous en colère lui filent le train en embarcation à moteur. Pas pour longtemps. Une à une, les embarcations sont renversées et leurs occupants précipités à l'eau; ce sont les homards, petits et grands, qui prennent leur revanche sur les homards-garous. Philomène se retrouve à terre, dans la tente où elle s'endort du sommeil du juste.
Quand elle se réveille, elle a une conversation de réconciliation avec son père. Lui ne cherchera pas à revivre à travers elle ses rêves de jeunesse, elle, elle acceptera mieux ses petites manies agaçantes de père.
A-t-elle rêvé ou était-ce la réalité ? Philomène dans son rêve perdait ses lacets de soulier. Quand elle se réveille, ils ont disparu...
On a beau dire que c'est de la littérature de jeunesse, que nos attentes sont moins grandes, on reste quand même surpris du peu d'envol que ça prend. Le comique se base sur des oppositions entre la réalité et le rêve, entre le père ô combien chéri mais agaçant sans bon sens (on nage dans le bon sentiment, qui nous capelle que la littérature pour jeunes est une littérature édifiante), sur des associations farfelues (quand Philomène a peur, ce sont ses lacets de soulier qui tremblent), sur les rêves de grandeur ou de maturité (en somme, sur la mythomanie) de Philomène qui sont constamment confrontés à la dure réalité de sa vie de fillette (on imagine qu'elle a entre sept et onze ans)... Bon, bon, bon.
Après un début assez rapide, et même syncopé (l'histoire est présentée sous la forme d'un flash-back — un flash-back qui ne trouve pas sa résolution à la fin avec une absence de retour au temps normalisé), la fiction piétine sérieusement quand la jeune héroïne passe son temps à douter d'elle-même et de la réalité. Ce doute à ressort permet à l'auteur d'étirer son livre de vingt grosses pages, c'est toujours ça de gagné, j'imagine. L'auteur se fait un petit solo de flûte, pas très réussi à part ça. Le texte devient vasouilleux lors de la libération du homard bleu par Philomène, l'auteur perd la maîtrise de l'action; on s'embourbe, ça bouge beaucoup mais ça n'avance pas d'un poil.
Je retiens surtout ça. L'impression que l'auteur a indûment étiré un sujet qui méritait un traitement plus serré que ça
Elle est sur un tout petit rafiot au milieu d'une mer infinie. Devant elle surgit un gigantesque homard bleu, haut comme une maison de cinq étages, qui la supplie de venir le délivrer de sa prison sous le rocher Percé, où il sera mis à mort lors d'une cérémonie orgiaque et initiatique. Philomène est incrédule. Le homard insiste. Elle cède, quitte la tente et son père et se précipite dans une caverne sous le rocher. Elle croit toujours rêver, mais autant aller au bout son rêve. Dans la caverne des hommes prennent des déguisements de homards et mettent à bouillir l'eau d'une gigantesque marmite. Ce sont les homards-garous du titre. Ils vont faire cuire le grand homard bleu. Philomène parvient à détourner leur attention et permet au homard de se libérer. En catastrophe, ils quittent la caverne, les homards-garous à leurs trousses. Philomène se retrouve dans un tout petit rafiot qui tangue sur les eaux du golfe tandis que les homards-garous en colère lui filent le train en embarcation à moteur. Pas pour longtemps. Une à une, les embarcations sont renversées et leurs occupants précipités à l'eau; ce sont les homards, petits et grands, qui prennent leur revanche sur les homards-garous. Philomène se retrouve à terre, dans la tente où elle s'endort du sommeil du juste.
Quand elle se réveille, elle a une conversation de réconciliation avec son père. Lui ne cherchera pas à revivre à travers elle ses rêves de jeunesse, elle, elle acceptera mieux ses petites manies agaçantes de père.
A-t-elle rêvé ou était-ce la réalité ? Philomène dans son rêve perdait ses lacets de soulier. Quand elle se réveille, ils ont disparu...
On a beau dire que c'est de la littérature de jeunesse, que nos attentes sont moins grandes, on reste quand même surpris du peu d'envol que ça prend. Le comique se base sur des oppositions entre la réalité et le rêve, entre le père ô combien chéri mais agaçant sans bon sens (on nage dans le bon sentiment, qui nous capelle que la littérature pour jeunes est une littérature édifiante), sur des associations farfelues (quand Philomène a peur, ce sont ses lacets de soulier qui tremblent), sur les rêves de grandeur ou de maturité (en somme, sur la mythomanie) de Philomène qui sont constamment confrontés à la dure réalité de sa vie de fillette (on imagine qu'elle a entre sept et onze ans)... Bon, bon, bon.
Après un début assez rapide, et même syncopé (l'histoire est présentée sous la forme d'un flash-back — un flash-back qui ne trouve pas sa résolution à la fin avec une absence de retour au temps normalisé), la fiction piétine sérieusement quand la jeune héroïne passe son temps à douter d'elle-même et de la réalité. Ce doute à ressort permet à l'auteur d'étirer son livre de vingt grosses pages, c'est toujours ça de gagné, j'imagine. L'auteur se fait un petit solo de flûte, pas très réussi à part ça. Le texte devient vasouilleux lors de la libération du homard bleu par Philomène, l'auteur perd la maîtrise de l'action; on s'embourbe, ça bouge beaucoup mais ça n'avance pas d'un poil.
Je retiens surtout ça. L'impression que l'auteur a indûment étiré un sujet qui méritait un traitement plus serré que ça
La Nuit des homards-garous
Philippe Chauveau
Boréal junior, 1993
116 pages
lu: novembre 95
Philippe Chauveau
Boréal junior, 1993
116 pages
lu: novembre 95