Antoine Berthier est un irréductible menteur. Il ment pour enjoliver son quotidien, pour enjoliver celui des autres aussi, car il a cette charité de l'esprit de ne pas imposer aux autres ses médiocres et très ordinaires non-aventures, il ment aussi pour se donner de l'épaisseur et apporter à son existence une patine qu'elle n'a pas.
Là, Antoine Berthier attend son tour chez le médecin. Il en a bien pour deux bonnes heures à attendre, pour se faire annoncer le verdict fatal que sa fin est proche, de cela au moins il est convaincu. Alors quoi faire sinon se remémorer les grands moments de ses menteries, évidemment ceux qui ont tourné en pétard mouillé (l'auteur est un comique après tout). Donc, Antoine Berthier va se rappeler trois grands mensonges formateurs qui donné à sa vie le pli qu'elle a maintenant.
À dix-sept, boutonneux et acnéen jusqu'à la nausée, obsédé par les filles mais n'ayant aucun succès auprès d'elles (il est de surcroît timide), voulant faire plaisir à sa mère qui le taquine à ce sujet, il invente une copine, Germaine. Une histoire derrière tout ça, elle a un passé, des intérêts, c'est une amie de classe qui habite en banlieue. Ça dure quelques semaines et les parents d'Antoine s'inquiéte un peu de ne jamais la voir cette fille; surprenant une remarque de sa mère qui commence à douter de la réalité de Germaine, Antoine se voit contraint d'inventer les circonstances atténuantes de leur séparation autour d'une promenade en vélo. Berthier ment pour plaire aux autres, il ment pour se dépêtrer de ses mensonges, la vie devient vite infernale. Avec la complicité de sa vieille grand-mère, Antoine se tire du mauvais pas dans lequel il avait plongé tête première.
Plus tard, marié à Mauricette et chargé de cours à l'université, Antoine mène une vie tranquille et pantouflarde. Quand sa libraire lui exhibe un roman écrit par un certain Antoine Berthier, il ne peut s'empêcher de revendiquer la paternité qu'elle lui octroie immédiatement. La libraire en parle à Mauricette, et le mensonge de Berthier prend une ampleur inattendue, car sa femme décidera de l'inscrire à un cercle littéraire où, bien entendu, l'autre Antoine Berthier, le vrai, l'écrivain, fera une apparition plutôt discrète. L'arroseur arrosé...
Dans le troisième épisode, Berthier relate l'histoire de son aventure avec Denise, de vingt ans sa cadette qui s'est éprise de lui suite d'une méprise qu'il n'a pas l'intention de rectifié. Pour l'impressionner, il s'est fait passer pour un ancien champion d'escrime au sabre. L'aventure va bien, Denise est une pétasse qui a le feu à la noune; mais, lorsqu'elle l'embarque à son insu dans un championnat d'escrime pour seniors, le rideau tombe, c'est la crise et Antoine Berthier doit bien avouer son mensonge. Denise le quitte. Dans le cabinet du docteur, Antoine Berthier apprendra qu'il ne souffre de rien, que la vie est belle après tout et, le cœur en joie, il court prendre un pot au bistro du coin où une femme assez attirante le prend pour un acteur connu, ce qu'il ne nie pas... La boucle est bouclée...
Un agréable roman encore que très anodin, même un peu mal foutu. C'est la manière de l'auteur qui sauve le livre, son humour dans les situations même prévisibles, des réparties (elles aussi prévisibles), des personnages; car en dépit de tout, de la faiblesse de la structure, de la niaiserie de l'anecdote et même de la non-fin consternante de facilité, on se laisse prendre par la truculence hystérique des mensonges de Berthier, par son besoin de se créer un personnage plus grand que nature — d'ailleurs Berthier est tout entier absorbé par l'imagerie des héros du cinéma. Cauvin (dans la vraie vie, Claude Klotz) est un auteur de roman léger qui ont contribué à son succès plus marginal que fracassant, mais succès indéniable tout de même.
On en lira d'autre pour connaître la mesure réelle de cet auteur.
Là, Antoine Berthier attend son tour chez le médecin. Il en a bien pour deux bonnes heures à attendre, pour se faire annoncer le verdict fatal que sa fin est proche, de cela au moins il est convaincu. Alors quoi faire sinon se remémorer les grands moments de ses menteries, évidemment ceux qui ont tourné en pétard mouillé (l'auteur est un comique après tout). Donc, Antoine Berthier va se rappeler trois grands mensonges formateurs qui donné à sa vie le pli qu'elle a maintenant.
À dix-sept, boutonneux et acnéen jusqu'à la nausée, obsédé par les filles mais n'ayant aucun succès auprès d'elles (il est de surcroît timide), voulant faire plaisir à sa mère qui le taquine à ce sujet, il invente une copine, Germaine. Une histoire derrière tout ça, elle a un passé, des intérêts, c'est une amie de classe qui habite en banlieue. Ça dure quelques semaines et les parents d'Antoine s'inquiéte un peu de ne jamais la voir cette fille; surprenant une remarque de sa mère qui commence à douter de la réalité de Germaine, Antoine se voit contraint d'inventer les circonstances atténuantes de leur séparation autour d'une promenade en vélo. Berthier ment pour plaire aux autres, il ment pour se dépêtrer de ses mensonges, la vie devient vite infernale. Avec la complicité de sa vieille grand-mère, Antoine se tire du mauvais pas dans lequel il avait plongé tête première.
Plus tard, marié à Mauricette et chargé de cours à l'université, Antoine mène une vie tranquille et pantouflarde. Quand sa libraire lui exhibe un roman écrit par un certain Antoine Berthier, il ne peut s'empêcher de revendiquer la paternité qu'elle lui octroie immédiatement. La libraire en parle à Mauricette, et le mensonge de Berthier prend une ampleur inattendue, car sa femme décidera de l'inscrire à un cercle littéraire où, bien entendu, l'autre Antoine Berthier, le vrai, l'écrivain, fera une apparition plutôt discrète. L'arroseur arrosé...
Dans le troisième épisode, Berthier relate l'histoire de son aventure avec Denise, de vingt ans sa cadette qui s'est éprise de lui suite d'une méprise qu'il n'a pas l'intention de rectifié. Pour l'impressionner, il s'est fait passer pour un ancien champion d'escrime au sabre. L'aventure va bien, Denise est une pétasse qui a le feu à la noune; mais, lorsqu'elle l'embarque à son insu dans un championnat d'escrime pour seniors, le rideau tombe, c'est la crise et Antoine Berthier doit bien avouer son mensonge. Denise le quitte. Dans le cabinet du docteur, Antoine Berthier apprendra qu'il ne souffre de rien, que la vie est belle après tout et, le cœur en joie, il court prendre un pot au bistro du coin où une femme assez attirante le prend pour un acteur connu, ce qu'il ne nie pas... La boucle est bouclée...
Un agréable roman encore que très anodin, même un peu mal foutu. C'est la manière de l'auteur qui sauve le livre, son humour dans les situations même prévisibles, des réparties (elles aussi prévisibles), des personnages; car en dépit de tout, de la faiblesse de la structure, de la niaiserie de l'anecdote et même de la non-fin consternante de facilité, on se laisse prendre par la truculence hystérique des mensonges de Berthier, par son besoin de se créer un personnage plus grand que nature — d'ailleurs Berthier est tout entier absorbé par l'imagerie des héros du cinéma. Cauvin (dans la vraie vie, Claude Klotz) est un auteur de roman léger qui ont contribué à son succès plus marginal que fracassant, mais succès indéniable tout de même.
On en lira d'autre pour connaître la mesure réelle de cet auteur.
Menteur
Patrick Cauvin
1993, Albin Michel
250 pages
lecture : janvier 95
250 pages
lecture : janvier 95
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