Le Presque idiot de Sylvain Martineau. Un garçon aime des ours intelligents avec lesquels il entretient des rapports d'amitié. C'est une curieuse histoire, irracontable, qui relève beaucoup d'un certain délire de l'imaginaire, mais dont la prose est d'une beauté par moment stupéfiante.
Dans l'intervalle de Charles Bertrand. Un couple vit en alternance dans deux univers parallèles, sans se douter de rien. Le lecteur, plus futé qu'eux, comprend vite; heureusement la nouvelle ne fait que deux pages. Le climat est feutré, tout est en sourdine. Un texte d'atmosphère au fantastique urbain un peu vide.
Amours d'un jour de Jean Pettigrew. Le matin, un messager passe devant une terrasse et y voit une très jolie fillette d'une demi-douzaine d'années. Elle lui tombe dans l'œil. Le même jour mais plus tard, il repasse devant la terrasse, remarque une très belle jeune femme de vingt ans avec qui il va parler et prendre rendez-vous. Revenant à ce rendez-vous, à la même table, il est saisi d'émotion par une femme de quarante ans qui ressemble comme deux gouttes d'eau (en plus âgée) à la fille précédente. Il en devient amoureux. Il doit la quitter, quand il revient il l'a reconnaît à peine tant elle a pris de l'âge. Très tard, quand il repasse une dernière fois devant cette terrasse, il voit une très très vieille femme accompagnée d'un très très vieil homme qui pourrait être lui-même. Il s'éloigne. « La brèche se referme. » Pettigrew a écrit une sacrée belle histoire romantique, envoûtante en diable encore que parfaitement prévisible, sur l'amour éphémère et sur le temps qui passe. L'écriture est au point et l'atmosphère qu'elle crée est riche, palpable. Ah, si Pettigrew pouvait publier un recueil de nouvelles...
Solaris n° 95
janvier-février 1991
48 pages
lecture : juin 93
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