Ce petit livre raconte l'histoire de jeunes femmes. Le prologue appartient à une adolescente pas mal baveuse, qui houspille sa mère qui ne l'aime pas, dit-elle, et l'empêche de vivre. La complainte typique de l’ado, la fatigue de la mère, etc., une tranche de vie toute bête et simple, peut-être le meilleur moment de lecture.
La partie qui suit raconte les aléas de la vie d'une femme mère de jeunes filles, une néo-Québécoise qui a du mal à se faire accepter par la communauté francophone et qui mesure la distance qui la sépare des Québécois pure-laine à l'accent dont elle ne peut se départir même après vingt-cinq ans d'immersion totale (tout comme l’auteure). C'est l'immigrante toujours immigrante, toujours différente, incapable de s'acculturer complètement malgré sa bonne volonté. C'est l'actrice qui ne se fait offrir que des rôles muets, parce que les producteurs redoutent son accent.
La deuxième partie est celle d'une femme un peu névropathe qui s'imagine des choses, consulte son psy, vit toute croche et broie allègrement du noir. C'est une junkie qui se réhabilite, puis rechute. Ses souvenirs sont trop pesants pour elle, elle s'enfonce. Son enfance difficile remonte à la surface: « On a tous un ennemi, des fois, on en a un bien à soi, c'est le chef de famille. » Cette partie est vraiment noire.
L'épilogue, c'est une jeune femme qui prend un cours de poterie. À cause de la terre dont elle se languit. Une jolie partie nostalgique, un peu crève-coeur sans qu'on sache trop bien pourquoi, sans doute à cause de la résignation très douce du personnage, de ses pensées orientées brusquement vers la mort.
Finalement, Flora Balzano a écrit un ouvrage remarquable par le poids et la pertinence des observations, et par la justesse du ton qui est caustique et amusant. C'est frais, c'est amer; c'est faussement détaché.
Soigne ta chute
Flora Balzano
1992, XYZ120 pages
lecture : février 93
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