Eumenides in the Fourth Floor Lavatory : Par la culpabilisation, Howard a constamment manipulé ses parents, sa femme, sa fille Rhiannon, ses amis et ses collègues du bureau. Il a abusé des gens sans se soucier du mal qu'il faisait. Il a même abusé de sa fille. Dans le bol de la toilette de l'immeuble où il vit (sa femme l'ayant chassé après l'inceste), il trouve un bébé de deux mois que l'on a essayé de noyer. Il le sauve et l'enfant s'accroche à lui par des ventouses. L'enfant est un monstre aux mains palmés et aux jambes réunis en une queue de têtard. Howard tue cette créature monstrueuse et inhumaine. L'enfant réapparaît plus tard et Howard le tue une deuxième fois. Howard est le seul à voir cet enfant. Il a beau le tuer, l'enfant réapparaît toujours. À la fin, il y en a plusieurs qui grouillent sur son lit et qui s'approchent pour s'agripper à lui. C'est l'une des plus puissantes histoires de Card; mêlant fantastique, rêve éveillé et culpabilité sans possibilité de rédemption : il faut vivre avec ses fautes, elles nous poursuivent jusqu'à la fin. On paie toujours pour le mal que l'on fait.
Quietus : Mark Tapworth est pris d'un malaise au bureau. Il retourne à la maison où il a de la difficulté à différencier deux réalités : une dans laquelle sa femme et lui n'ont pas eu d'enfants et l'autre où ils en ont eux deux. Dans le salon, un cercueil. Mark y voit un mauvais présage. Au matin, il descend au salon et se couche dans le cercueil. La crise au bureau, c'était sa mort. Pendant une journée, il a vécu en fantôme avec sa femme, le temps de changer le présent et de lui donner deux enfants. Une très touchante histoire fantastique et mystérieuse, dans laquelle le pouvoir du désir est supérieur à la mort.
Deep Breathing Exercises : Dale se rend compte que lorsque des gens se mettent à respirer à l'unisson, c'est parce qu'ils sont sur le point de mourir ensemble. Cela arrive à sa femme et à son fils, puis à ses parents dans un avion, cela arrive dans un restaurant, cela arrive finalement à l'hôpital psychiatrique où Dale abouti à cause de cette obsession. Il meurt dans l'explosion d'une bombe atomique sur Denver. Très faible et très faiblement menée avec une fin prévisible dès la deuxième page.
Fat Farm : Quand Barth devient trop gros, il va changer de corps pour un lui-même plus jeune et plus mince. Une forme d'éternité, en somme. D'où viennent ces corps ? Ce sont les Barth précédent qui suivent une cure de rajeunissement et d'amaigrissement extrêmement violente donnée par le Barth original. Une histoire où l'intérêt du propos et la violence masochiste prennent le dessus sur les incohérences.
Closing the Timelid : Grâce à une machine temporelle, des gens vivent l'expérience de la mort au XXe siècle. Ils ne risquent rien, c'est un loisir hédoniste. Ils font du mal sans s'en rendre compte. Histoire ingénieuse, mais un peu superficielle.
Freeway Games : Un automobiliste s'amuse à terroriser d'autres automobilistes en les suivant pas à pas pendant des kilomètres. Il en tue quatre, ce qui lui procure une grande joie. Jusqu'à ce qu'il perde devant plus fort que lui. Ah la la... la nouvelle la plus insignifiante du lot. Intérêt nul.
A Sepulchre of Songs : Elaine est une jeune handicapée de 15 ans. Elle entend une voix qui vient d'un vaisseau spatial et qui lui propose un échange. Elle se retrouve dans le corps du pilote d'une nef spatiale tandis que son corps à elle est occupée par une créature extra-terrestre qui en avait assez du vaisseau. Mais la liberté sur le vaisseau est une fausse liberté, elle est assortie de contraintes et de dépendances qui font que, pour la créature, le corps brisée d'Elaine est la fin de son esclavage personnel. Ça joue fortement sur la culpabilité du thérapeute d'Elaine qui croit qu'il aurait pu empêcher cet échange s'il avait été plus attentif. Excellente histoire, prenante, ambiguë : Elaine rêve-t-elle cet échange ? Est-ce une illusion schizophrène ? Le thérapeute ne peut rien en dire, il est prisonnier à l'extérieur du corps d'Elaine.
Prior Restraint : Un écrivain est empêché d'écrire par une patrouille temporelle car son oeuvre, si elle n'est pas éliminée, va détruire les fondations de la civilisation humaine dans 500 ans. Bof. Sans intérêt. Sentencieux, moraliste, plein de bons sentiments, et une idée qu'on a déjà vu ailleurs.
The Changed Man and the King of Words : Joe est un enfant prodige qui va utiliser le tarot pour dévoiler à ses parents leurs failles, surtout celles de son père. Ça va se terminer tragiquement dans une grande scène œdipienne avec percements des yeux, meurtre du père et tout le tralala. La fin est saisissante de violence, c'est le meilleur moment d'une nouvelle trop contrôlée et pensée uniquement en fonction de sa structure (de l'aveu même de l'auteur).
Memories of My Head : Un suicide commentée par un individu qui meurt tranquillement. Du remplissage, moche et plate.
Lost Boys : Card et sa femme déménage dans une maison nouvelle où leur fils se met à avoir un comportement étrange (mais si peu, ça se remarque à peine et, dans la confusion du moment, le déménagement, leur nouveau-né qui est atteint de déficience, les affaires de l'écrivain, etc., Card et sa femme manque de s'occuper de l'enfant) : il a beaucoup d'amis imaginaires, il a des habiletés étonnantes (sans être hors du commun) et il devient de plus en plus retiré. Ses amis sont des enfants portés disparus, Card voit leurs photos sur des cartons de lait. Au jour de Noël, ils viennent tous à la maison. Ce sont tous des enfants qui ont été assassinés dans cette maison-ci, et son fils aussi — ce qui explique son comportement étrange. Les enfants et son fils passent un Noël joyeux et empreint de tristesse, en profitent pour faire les adieux qu'ils n'ont jamais pu faire à leurs parents et puis s'en vont dans la nuit. Quelle belle et étrange histoire. Une espèce de fantastique blanc, merveilleux, où l'horreur (l'assassinat des enfants) se mêle à la joie du retour, des adieux finalement dits, où la douleur de ceux qui restent est atténuée par la sérénité de ceux qui partent. L'aspect pseudo-autobiographique de cette nouvelle en accentue la présence. Un chef-d'oeuvre
The Changed Man
Orson Scott Card
Tor, 1992
édition originale 1990 sous le titre Maps In Mirror, Book One
246 pages
avec une préface de Roger Zelazny et une postface de l'auteur
édition originale 1990 sous le titre Maps In Mirror, Book One
246 pages
avec une préface de Roger Zelazny et une postface de l'auteur
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