Hubert de Tartas est un industriel qui a marié la fortune en la personne de sa femme Edmée. Ce sont des bourgeois paisibles, aimablement intéressés par la science et le progrès, vivant dans le Vésinet sur une grande propriété terrienne. Un jour, à la télé, on annonce que l'on vient de retrouver dans une banquise le corps congelé d'un homme. La science se met en marche et entreprend de le décongeler. Qui est cet homme ? Voilà qui alimente la conversation chez les de Tartas. Hubert est lui-même convoqué chez le ministre : l'hiberné est le grand-père de sa femme ! Hubert est abasourdi, ça remet en question la fortune qui semblait entre les mains de sa femme. Pour ne pas déboussoler l'hiberné, on décide de lui créer une zone temporelle tampon afin d'étudier ses réactions. La propriété des de Tartas se prête bien à cette reconstitution d'autant plus que l'hiberné sera en terrain de connaissance et en famille : sa petite-fille Edmée ne ressemble-t-elle pas comme une goutte d'eau à son arrière-grand-mère, mère de l'hiberné, et même Hubert n'a-t-il pas une ressemblance hallucinante avec le père de l'hiberné. La scène est mise, mais ô douleur ! l'hiberné chauffe les oreilles d'Hubert et le jette à la porte avec menace — c'est que l'ancêtre avait été un père indigne, profiteur, peu chrétien. Hubert de Tantas doit emprunter une nouvelle identité afin de demeurer à la résidence, il devient donc le soupirant d'Edmée.
À partir de là, les choses iront mieux. Hubert fera la cour à Edmée sous le regard protecteur de l'hiberné. On devra protéger l'hiberné, et même le kidnapper quand la science voudra reprendre son sujet d'expérience. Hubert de Tartas jouera le tout pour le tout, au risque de la santé mentale de son aïeul, en le précipitant dans le monde moderne. Hubert gagne son pari et l'hiberné, qui aura enfin droit à la vérité, pourra rester dans sa famille.
La première réflexion qui me vient, c'est que ce roman été écrit d'après le scénario du film éponyme. Car c'est un véhicule littéraire parfait pour Louis de Funès : les dialogues sont construits pour lui, les colères et les emportements sont les siens. On le voit, on ne peut voir que lui. Pourtant il y a des minuscules divergences entre le film et le roman — était-ce pour justifier l'existence du roman, lui créer un public qui autrement n'aurait pas cherché à le lire, étant rassasié du film ?
L'écriture est un peu faible, en tous cas précieuse, guindée et un rien moralisante. Très vieille France. Pourtant j'ai aimé, à cause du film que ça me rappelait, de ce souvenir heureux de de Funès. Un film assez faible, avouons-le, mais un excellent numéro d'acteur.
Hibernatus
Jean Bernard-Luc
Pierre Horay, 1969
188 pages
lecture : septembre 94
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