Commence un combat, le combat éternel des ténèbres contre la connaissance. Les deux protagonistes fécondent de concert quatre jeunes filles. Leurs destins sont maintenant inextricablement liés. Trois enfants naîtront de cette multiple fécondation : les jumeaux Tommy-Ray et Jo-Beth, et Howard. Ce sont eux qui reprendront le flambeau des mains vacillantes de leurs pères métaphysiques. Le combat du bien et du mal se déroule à Palomo Grove, une banlieue californienne anonyme. La terre s'y ouvrira. Les terratas (créatures imaginaires du Jaffe et de Tommy-Ray) contre les hallucigenas (les créatures de Fletcher, Jo-Beth, Howard et Raul — comme quoi il est vrai que le mal se combat à plusieurs) se mèneront une lutte effrénée à laquelle se joindront, en apparitions sanglantes, les artistes du cinéma et de la télévision. Tommy-Ray échappe de plus en plus à l'emprise de son père. Le Jaffe s'interroge, son entreprise du mal lui échappe, d'autant plus que de vraies créatures des ténèbres, les Iod-Ouraboros, arrivent dans l'univers concret des humains. L'affrontement contre le Jaffe fait place à l'affrontement contre non plus le mal, mais l'altérité. Vite, vite, Jo-Beth, Howard et Tesla (qui a été inoculé par le Nonce) referment la brèche que les Iod-Ouraboros avaient réussie à ouvrir dans notre univers. La victoire est acquise au prix de pertes assez lourdes. Mais ce n'était qu'une bataille, puisque les Iod-Ouraboros veulent franchir le seuil qui les sépare de nous et que déjà ils se préparent à une nouvelle attaque.
Ouf. Pis j'en oublie le quart plus la moitié. Ce roman est d'un ennui difficile à imaginer. Il y a plusieurs romans dans ce fatras. Le premier qui raconte la découverte de l'Art par un Jaffe timide, exploité, est certes le meilleur. C'est immédiatement après que ça se gâte. On y trouve de tout : un véritable salmigondis des recettes littéraires de l'horreur. Problème, le fourre-tout ne lève pas. Ce qui aurait pu être baroque et décadent est complètement insignifiant et grotesque, ça vase, ça foire et ça emmerde. On ne peut pas reprocher à un auteur de voir grand ni d'assembler en guise d'architecture un lot d'éléments en apparence hétéroclites : on ne peut que constater l'échec auquel il aboutit.
J'avais beaucoup aimé le seul des Book of Blood que j'ai lu à cause justement du mélange du baroque et de l'imagination terrorisante de Barker.
Dans ce cas-ci, je baisse mon pouce néronien pour que s'abatte le couperet.
Secret show
Clive Barker
Pocket, 1993 (éd. or. 1989)
The Great and Secret Show
757 pages
lu: septembre 94
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