La transmission (ou une autre partie) du Westfalia casse dans une banlieue misérable de Los Angeles, Not Quite Beverly Hills, et un vieux couple (Rex Connors, producteur et réalisateur de films de vilaine facture, et Malvina Lansford, une mauvaise actrice qui fut la vedette de tous ses films) accepte de les héberger.
Benjamin et Soutinelle font connaissance avec Hollywood. Se disant recommander par Steven Spielberg, Soutinelle fait la rencontre d'un producteur, Lou Ginotti, et présente Benjamin comme un scénariste plein d'avenir. Ginotti, qui sent que le marché cinématographique en a assez des remakes et veut faire des films à partir de scénario originaux, accepte d'acheter un synopsis de Benjamin et d'en faire un film qui mettrait en vedette Soutinelle. Benjamin a quelques jours seulement pour écrire son synopsis.
Il complètera le synopsis et obtiendra cinq milles dollars de Ginotti. Benjamin donnera cet argent à une famille de squatters mexicains qui en ont besoin pour faire opérer la cécité du grand-père.
Finalement, après avoir craint d'être soupçonné d'un meurtre, après avoir failli tuer à de nombreuses reprises le frère de Soutinelle, Benjamin, sa blonde et son futur beauf reprennent la route pour Montréal; avec un détour via le Nevada et le Mexique.
L'intrigue de ce roman est extrêmement mince. Un gars et sa blonde (et son futur beau-frère) vont à Hollywood. Il ne leur arrive presque rien, sinon que leur véhicule casse et qu'ils sont hébergés par un couple formé d'un ancien directeur et d'une actrice à la retraite. Pour plaire à sa blonde, le gars écrit un synopsis de scénario (sur une aventure vécu par eux : Nulle Part au Texas), qu'il réussit à vendre à un producteur hollywoodien avec promesse d'engager sa blonde pour le premier rôle. Le gars se met à avoir des doutes sur sa relation avec cette fille et veut la quitter pour revenir à Montréal. Finalement, c'est elle qui refuse de se compromettre pour Hollywood quand on lui propose de changer son nom pour un pseudo ridicule afin de mousser sa carrière. Finalement, ils se retrouvent tous les trois à prendre un chemin de retour un peu compliqué pour Montréal. Ce qui nous promet de nouvelles aventures de Benjamin Tardif.
Mais sur ce canevas mince, Barcelo a fait un charmant roman plein de surprises, de fausses surprises (un faux meurtre, une fausse scène d'infidélité, un faux vol de voiture) et de personnages sympathiques, un peu lunatiques et jamais bien méchants. L'auteur utilise les artefacts propres au cinéma : meurtres, infidélités, vol de voiture, il reprend sans vergogne les scènes de poursuite en voiture (travesties ici en interminables bouchons de circulation), l'aventure mélodramatique de la famille mexicaine à qui il donne de l'argent, etc. On retrouve dans Pas tout à fait en Californie tous les clichés du cinéma, plus ou moins subtilement maquillés ou travestis.
Ça donne un roman joyeux, linéaire en diable mais toujours frais et primesautier. Un très bon Barcelo. Peut-être le meilleur de la série des Benjamin Tardif.
Pas tout à fait en Californie
François Barcelo
Libre Expression, 1992
179 pages
lecture : octobre 92
179 pages
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